07/03/2024

Jean Charles Sommerard, parfumeur et aromatologue : « Je suis toujours à l’affût d’une émotion à vivre, puis à partager… »

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Jean Charles Sommerard n’est pas seulement créateur de parfums naturels et biologiques, il est aussi aromatologue, producteur d’huiles essentielles, mixologue… Celui qui se qualifie lui-même de « parfumeur funambule » – en clin d’œil à l’équilibre parfait qu’il faut trouver en parfumerie – sera présent le 23 mars à la Paris Parfume Week pour animer un atelier. Il revient pour nous sur les points marquants de sa carrière…

Création de parfums et aromatologie : deux expertises qui vous caractérisent… Quels sont les ponts entre ces deux univers ?

Mes grands-parents étaient maîtres torréfacteurs et mon père artisan distillateur : j’ai grandi au milieu des fleurs, des alambics, des huiles essentielles et du parfum. Et d’ailleurs, d’aussi loin que remontent mes souvenirs, ils sont connectés à la nature, à ses odeurs, ses charmes, ses vertus, ses pouvoirs. Avec les années, j’ai développé une véritable empathie et le besoin de soigner : j’ai écrit de nombreux ouvrages sur l’aromathérapie avec une tonalité sensorielle et holistique. Et même dans mon métier de parfumeur, je m’intéresse surtout à la dimension « bien-être » des matières premières. Le pont subtil entre aromatologie et parfumerie est là, comme un trait d’union évident dans mon approche, ma façon de créer et de ciseler les parfums.

Où puisez-vous vos inspirations ?  

Partout ! Je suis un enfant terrible avec le syndrome de Peter Pan : j’aime désobéir, provoquer, créer sans cesse… Je suis à l’écoute du chant du monde, de la nature, des êtres sous toutes leurs formes. J’aime sentir, toucher, goûter, observer. Je peux m’émouvoir devant un tableau de Chagall, vibrer en écoutant du Prince et trépigner du pied devant une confiture pèche lavande ! Je suis toujours à l’affût d’une émotion à vivre, puis à partager… C’est ma seule priorité : être ému. Pour satisfaire mes exigences – esthétiques ou autres – il faut qu’une matière apporte son supplément d’âme ou sublime ma création. Si c’est le cas, elle aura une place de choix.  

Qui est Maie Piou ? Parlez-nous de vos dernières créations…

Il y a eu une envie qui est devenue une nécessité : celle de déployer mes ailes dans un autre ciel, de me réinventer, de démarrer une nouvelle aventure. Elle s’appelle « Maie Piou » et s’incarne dans une maison de parfums française, joyeuse, libre, généreuse et bien sûr engagée. Pour la première collection, j’ai choisi la créativité d’une amie et grande parfumeuse, Clémentine Humeau : je lui ai demandé d’explorer sa part de masculinité, tandis que je sondais mon côté féminin. De notre duo de nez est née la collection 

« Ambrogyne », un hommage à la sensualité de l’ambre, à l’Orient et à son or rouge, au safran. Elle se décline en cinq fragrances décomplexées qui bousculent les codes, les émotions, les sens. Cinq signatures olfactives nobles et ciselées, délestées des dictats du genre, qui soufflent le chaud et le froid, le grave et le léger, le pur et le sauvage, le jour et la nuit, le féminin et le masculin. 

Vous êtes aussi mixologue : comment en êtes-vous venu à créer des cordials ? 

En fait, la mixologie – ou l’art de trouver l’équilibre des saveurs dans un cocktail – m’a toujours interpellé ! J’ai longuement conseillé des grands groupes, des bars branchés et surtout des bartenders talentueux tels que Matthias Giroud, Sandrine Houdré Grégoire, Régis Celabe, Florian Thireau, Rémy Rodriguez, Philippe Olivier, Christophe Coralini, Laurent Greco…. Grâce à l’alchimiste Matthias Giroud et la belle rencontre avec la Maison Monin, nous avons travaillé sur l’expérience autour de la mixologie et du parfum. L’intention a été à la fois sensorielle et émotionnelle. Il fallait bien sûr respecter le cahier des charges, les inflexions créatives, les matières naturelles produites en interne, comme le Yuzu. J’ai réalisé un parfum comestible sans alcool à sprayer sur des cocktails mythiques pour aller encore plus loin dans la démarche artistique. L’idée était de créer du lien, des sentiments nouveaux en prônant le naturel et l’ADN de la marque Monin. 

En quoi consistera l’atelier de mixologie prévu pour la Paris Perfume Week ?

Cet atelier se veut une discussion artistique, une terre de partage entre saveurs et parfums pour, justement, créer des sensations nouvelles. Et j’ai d’ailleurs hâte de titiller votre nez, vos papilles, d’explorer avec vous ces pistes créatives qui marient subtilement la parfumerie à l’art des cocktails !

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